La population mondiale vieillit. En 2050, une personne sur trois aura plus de 60 ans. De quoi s’interroger sur notre capacité à organiser un système efficace qui puisse supporter l’allongement de l’espérance de vie. En France, notre système de retraite ressemble de plus en plus à un immense schéma de Ponzi.
Bien que, aujourd’hui, les derniers entrants parviennent à payer les cotisations des premiers sortis, on peut s’interroger sur la pérennité du système, lorsque le nombre de retraités sera équivalent au nombre de cotisants.
Et cette situation pourrait très bientôt devenir une réalité : la baisse de la natalité, cumulée au vieillissement de la population, donne des projections alarmantes. À cela s’ajoutent les nombreux plans de relance qui creusent plus encore les déficits publics. Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), le déficit du système de retraite devrait atteindre 25 Mds€ en 2020, contre 7,7 Mds€ à l’heure actuelle. Les projections jusqu’en 2050 montrent que la facture pourrait encore doubler par rapport à celle de 2020.
Une préoccupation grandissante
Toutes ces statistiques inquiètent beaucoup les citoyens français. Si 44 % d’entre eux estiment, selon une enquête HSBC, que le gouvernement est en charge du financement des retraites, ils semblent néanmoins avoir fait fi de l’utopie de l’État providence. Seuls 26 % des sondés sont convaincus que l’État sera en mesure d’assurer les retraites.
De plus en plus, les Français s’orientent vers des solutions alternatives : viager, rente immobilière... L’épargne privée suscite également un engouement croissant. En témoignent les versements dans le Perco, Plan d’épargne pour la retraite collectif (proposé par les entreprises), qui ont augmenté de 33 % en 2008.
En France, comme ailleurs dans le monde, la crise a modifié les habitudes d’épargne. Selon la cinquième édition de l’enquête HSBC Assurances réalisée auprès de 15 000 internautes dans le monde entier, 92 % des personnes interrogées affirment que « la crise a eu un impact sur leur comportement financier ». Concrètement, les ménages ont fait le choix de réduire leurs dépenses et ont reporté à plus tard leurs projets de départ en vacances ou d’achat de véhicule.
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Les pays industrialisés, champions du pessimisme
La disparité entre pays développés et émergents reste importante. Les pays industrialisés restent les champions du pessimisme. Ils sont en grande majorité convaincus que la crise durera au moins deux ans. À l’inverse, les pays émergents sont plus optimistes quant à l’issue de la crise dont ils estiment qu’elle peut durer au maximum une année.
En moyenne, seuls 9 % des sondés pensent qu’ils seront contraints de repousser leur âge de départ à la retraite. Ce chiffre est toutefois à relativiser selon les pays : aux États-Unis, le régime de retraite est majoritairement privé. Ainsi, 20 % des Américains interrogés estiment que la crise les obligera à travailler plus longtemps. Seuls 11 % des Français prévoient de retarder leur sortie de la vie active.
En cause, le système de retraite français, qui repose très largement sur le financement public. La motivation qui pousse à épargner est différente selon les pays. Dans les pays émergents, on épargne dans l’optique de venir en aide à ses enfants. Dans les pays industrialisés, en revanche, l’épargne est avant tout motivée par la volonté de se constituer un capital, afin de ne pas être à la charge de ses enfants.
Partout dans le monde, les mentalités sont cependant en passe d’évoluer. L’enquête HSBC Assurances note une « prise de conscience croissante de la nécessité d’assumer soi-même la constitution de [sa] retraite ». En France, ce sont les femmes qui sont les plus inquiètes quant aux conséquences de la crise : elles sont 60 % à avoir revu leurs habitudes de consommation à la baisse, contre 53 % des hommes.
Le financement individuel sera-t-il l’avenir de la retraite ?
État providence ou non, il semblerait que la survie du système de retraite passe par la mobilisation conjointe de plusieurs sources de financement. La Banque mondiale, dans son rapport sur la réforme des retraites, a préconisé une mixité de financements, à la fois par capitalisation et par répartition, afin de pouvoir assurer la pérennité du soutien aux populations âgées.
Seules plusieurs sources de financements conjoints pourraient permettre de poursuivre l’assistance aux plus démunis tout en encourageant l’initiative privée. Les trois régimes – public, professionnel et individuel – pourraient permettre de ne pas faire reposer l’épargne retraite uniquement sur l’État. À l’instar du modèle suédois, qui permet de cumuler un système général et un système complémentaire.
Première parution le 25/06/2009 dans le numéro 39 de MoneyWeek.
Publié dans Patrimoine | Plus d'articles par Chloé Consigny |